En cartouche: " GERPINNES "

Vue prise du sud-ouest.

Extrait de l'Albums du duc Charles DE CROY

" Au lieu dit, sur le dessus, se voit une église toute bastie de pierres de taille, bien adjancée en hauteur, y estans la tour de 70 pieds, la flèche de 105 (21 et 31 mètres), pareillement est bien proportionnée en longueur, largeur et autres dimensions, fort lumineuse et resonante, pour le regard des voultes et cryptes qui se retrouvent (...)". Ainsi, en 1620, le curé Crespin Paradis décrit-il son église dont il venait d'obtenir la réparation de la tour et la pose d'un nouveau clocher (cité par J. Roland, Mélanges Courtoy, p. 207).

Saint-Michel de Gerpinnes, avec tour romane, flanquée au sud d'une tourelle d'escalier, nef et bas-côtés gothiques, a été étudiée par Simon Brigode qui s'efforça de dater les différentes étapes de la construction, des reconstructions, voire des restitutions abusives. Adrien de Montigny ne paraît pas avoir accordé une importance particulière à ce sanctuaire où s'étaient déroulées récemment des cérémonies grandioses en l'honneur de sainte Rolende et de sa châsse réalisée en 1599 par l'orfèvre namurois Libert. Le peintre a été frappé par la tour carrée aveugle, le transept et le chevet plat, les chapelles latérales à pignon mais n'en a représentées que deux, au lieu des quatre figurant sur un dessin de 1620 que Brigode estime, pour le reste, fantaisiste. De même, il a pris soin de montrer une chapelle sous bâtière aiguë accrochée à la façade ouest de la tour, mais a négligé la tourelle d'escalier romane de l'angle sud.

Les maisons escaladent la pente que domine le sanctuaire, en ne bordant que d'un seul côté le chemin d'Acoz. Gerpinnes était un petit centre commercial dont la halle était l'âme jusqu'à sa disparition, à la fin du XVIIIe siècle. Galliot rapporte que son activité donna naissance au proverbe tombé maintenant en désuétude " Il est à la halle de Gerpinnes " pour exprimer la satisfaction de quelqu'un.

A droite de la vue, relativement isolée, une maison de pierre, au pignon en escalier percé d'une porte et de trois fenêtres, suivie d'une annexe. Un mur en ruine est le seul vestige d'une tour démolie. c'est là, peut-être, la demeure de Guillaume de Bruges dont la famille est liée à toute l'histoire de la localité, occupant vraisemblablement le site du futur château, devenu à présent maison communale.

Au-dessous de l'esplanade, une construction de pierre sous toiture à coyau semble avoir été érigée au milieu de décombres.

Alimenté par le ruisseau d'Acoz que franchit une passerelle de bois bien rudimentaire, le moulin banal du chapitre de Moustier. Un manant courbé sous sa lourde charge de grains se dirige vers cette bâtisse très simple.

Au centre de la vue, un "fourneau" ou un four à chaux (voir pl. 31), rappel de la vie industrielle du village. Si une douzaine de "censes" y étaient établies, dont celle de Bertransart, propriété de l'ordre de Malte, l'exploitation des mines de fer constituait la caractéristique de son économie. La "dame" de Moustier, à laquelle appartenait la minière de "Walsibo", venait de temps à autre visiter les travaux et offrir une boisson aux ouvriers: Lambert et Jean le Marteleur, un autre Jean le Marteleur, Pierre Scaillet, Jean Boulle....